• Rapport Pro. Marouane

    Rapport de mission à Delhi en août 2009

    par M.O.A

     pour l'association SAID

     

     

     

    Déroulement du séjour :

    14/08/09 : arrivée à Delhi à 22h30, arrivée à l'hôtel Satyam à 0h30

    15/08/09 : arrivée de Kailash vers 12h, après-midi et soirée de bienvenue à Kathputli Colony (abrégé en KC par la suite), nuit à l'hôtel

    16/08/09 : départ de l'hôtel vers 12h, installation dans la maison en face de la maison de la marionnette (abrégée en HOP par la suite) mais nuit chez Sangeeta

    17/08/09 : retour à KC le matin, visite du bidonville d'Ashok Vihar en soirée, nuit à KC

    18/08/09 : dépôt des photos à imprimer pour l'exposition le matin, visite du bidonville de South-East New Delhi l'après-midi

    19/09/09 : réunion en début d'après-midi, récupération des photos en soirée

    20/08/09 : 2e réunion en début d'après-midi

    21/08/09 : cours d'anglais en vue de l'accueil des touristes le matin, 3e réunion en fin d'après-midi, dernière nuit à KC pour moi

    22/08/09 : spectacle à 14h pour des touristes français, installation chez Sangeeta le soir

    23/08/09 : paiement des artistes l'après-midi

    24/08/09 : Visite de "Kalakar Trust" l'après-midi

    25/08/09 : cours d'anglais à la HOP l'après-midi puis visite des bidonvilles voisins

    26/08/09 : rencontre avec une journaliste française l'après-midi

    27/08/09: cours d'anglais à la HOP l'après-midi

    28/08/09 : repos

    29/09/09 : journée des adieux

    30/08/09 : départ de chez Sangeeta à 7h, avion à 12h, arrivée à Paris à 18h

     

     

     

    Bilan de mes dépenses :

    L'association m'avait donné 1500 RI avant de partir et je disposais de 10000 RI de mon côté. Nous avions convenu que l'association payait mon séjour à l'hôtel les deux premiers jours, mon repas les deux premiers jours et mon trajet en taxi de l'aéroport vers l'hôtel. L'hôtel m'a coûté 2 fois 800 RI soit 1600 RI pour deux nuits, les repas des deux premiers jours m'ont coûté 200 RI et le taxi 300 RI. Par la suite, j'ai avancé de l'argent pour l'association lors de l'impression des photos pour 1600 RI.

    Cela fait un total de 3700 auquel il convient de déduire les 1500 donnés avant de partir, ce qui fait que j'ai donc avancé de ma poche 2200. Kailash m'a intégralement rendu cette somme après l'envoi d'argent fait par Linda, Kailash a aussi payé mon trajet vers l'aéroport au retour. Par ailleurs, en ne prenant pas en compte l'argent avancé pour l'association qui m'a été remboursé, j'ai dépensé exactement 9900 RI de ma poche durant mon séjour pour mes différentes dépenses (restaurants, boissons, métros, taxis, cadeaux, excursions, etc…).

     

     

     

     

     

     

    Mon logement :

    Comme prévu, j'ai passé mes deux premières nuits à l'hôtel Satyam, ma chambre était très confortable et j'en ai eu pour 1600 RI pour deux nuits.

    J'ai ensuite vécu dans la maison en face de la HOP. Ma chambre était tout à fait confortable mais mes toilettes n'avaient pas l'eau courante et elles n'étaient fermées que par un mince rideau. Le 21/08, il y a eu une forte pluie, la cour a été inondée (il a fallu tout enlever pour le lendemain) et l'eau est entrée par les fenêtres de ma chambre (pourtant à l'étage) si bien qu'il y avait une grande flaque, j'ai dû dormir dans la chambre du bas qui elle n'était pas inondée (car sans fenêtres). J'ai demandé à Kailash si je pouvais aller vivre ailleurs et il m'a emmené chez Sangeeta à Nawada le lendemain. A Nawada, j'étais beaucoup plus à l'aise, j'avais la chambre du haut pour moi tout seul et les toilettes étaient très biens. Manu, Sangeeta et leurs cinq enfants étaient adorables avec moi, j'avais le droit à trois repas par jour mais le plus souvent je mangeais dehors (samose et gol guppe) le soir avec les potes de Kailash. J'ai vraiment été très heureux à Nawada, j'avais l'impression de retrouver mon quartier en Tunisie.

     

     

     

    Mon travail et mes impressions :

    Il est évident qu'en deux semaines, je ne pouvais pas prétendre faire un grand travail mais je voulais à tout prix me rendre utile. Au moins, le fait d'avoir pu observer le quartier et notre travail a renforcé mon désir de continuer à travailler pour SAID et m'a donné une meilleure légitimité à parler de notre travail car j'ai enfin vu en vrai. Vous pouvez vous référer au récapitulatif ci-dessus pour suivre mon travail.

    Je suis allé tirer et payé les photos pour l'exposition du 22 et j'ai participé activement aux réunions (parler hindi aide beaucoup). J'ai donné trois cours d'anglais (1h30 à chaque fois) aux jeunes du quartier. Sans tableau noir, c'est très dur de travailler car il faut les faire répéter un par un et beaucoup n'ont aucune notion en anglais car ils ne vont pas à l'école ou du moins pas assez, certains mêmes ont du mal à comprendre le sens d'aller à l'école. Ce qui fait que ça bavarde trop dans la classe voire qu'il y a des bagarres. Même en parlant hindi, c'est difficile. Avoir un tableau noir pour écrire simplifierait beaucoup de choses, tout comme un nouveau toit car en cas de pluie la HOP est inondée et à cause de cela des cours ont du être annulées.

    Voir les conditions de vie des habitants (surtout les toilettes) m'a impressionné. Mais ce qui me choque le plus c'est de voir que les artistes du quartier  jouent dans les grandes soirées et pour le cinéma ou représentent l'Inde à l'étranger et après rentrent dormir dans leur bidonville. Du métro aérien de Delhi, on voit bien les contrastes de Delhi, on passe des immeubles de bureaux flambants neufs aux bidonvilles sordides. J'ai visité avec Kailash les autres bidonvilles de Shadipur (celui de la caste des mendiants m'a impressionné avec tous ces habitants amputés), d'Ashok Vihar et de South-East. Les gens sont pauvres mais d'une incroyable gentillesse avec moi.

     

     

     

    Le spectacle du 22 août :

    Le spectacle à la HOP a eu lieu comme prévu le samedi 22 août vers 14h. Il y avait 8 touristes français prévus mais finalement il n'y en a eu que 4. Ils ont été enchantés. Au programme, il y a eu qawali (par Bhagwandass Bhatt avec Raju et Mahavir), kathputli et acrobaties (par Vinay Bhatt), magie (par Sahil), cracheurs de feu et danse Bollywood. L'exposition des photos de Kailash a eu lieu le même jour dans la cour où se déroulait le spectacle. Kailash et moi avons présenté aux touristes l'association et nos photos. Nous leur avons servi thé, soda et samosa. Ils étaient vraiment très contents et ont acheté un couple de Kathputli. Nous avons eu malheureusement un problème avec l'appareil photo qui s'est cassé et nous avons dû nous contenter d'un mauvais appareil photo. Kailash est en possession des négatifs et j'ai avec moi une dizaine de photos. Heureusement, les touristes ont filmé et j'espère qu'ils nous enverront leurs films et photos.

     

     

     

    Le travail de Kailash :

    Indéniablement, Kailash fait du bon travail. Même s'il avoue manquer de compétences dans certains domaines de gestion et de comptabilité et qu'il est souvent en France, son travail semble bon. J'ai vérifié les comptes des précédents spectacles, tous les artistes avaient été payés dans les jours qui suivent. J'ai assisté à l'intégralité du paiement des artistes qui a eu lieu le lendemain même du spectacle du 22/08. Tous les artistes présents la veille étaient là et ont été payés, il n'y a eu ni problèmes ni contestations.

    J'ai assisté à toutes les réunions qui ont précédé le spectacle et je comprenais parfaitement ce qu'ils disaient en hindi. Kailash jouit indéniablement d'une certaine autorité d'autant plus que les autres artistes présents sont plus jeunes ou ont le même age que lui. Les premières réunions ont eu pour objet de savoir qui seraient présents au spectacle, la grande majorité des présents ont dit oui. Les réunions suivantes ont eu pour but de déterminer la marche à suivre pour la HOP en l'absence de Kailash. Les deux Vicky et Sahil se sont proposés pour gérer la HOP en son absence pour pouvoir continuer à faire des spectacles tous les samedis. L'important est qu'il y ait une bonne transmission des contacts de Kailash aux autres particulièrement avec Jérémy de "Shanti travel" qui nous a amené les touristes même si je ne l'ai pas rencontré lors de mon séjour. Vicky (celui d'Ashok Vihar) et Sahil me semblent compétents.

    Il n'y a pas à dire, il n'y a que des Indiens qui soient capables de gérer la HOP. La HOP est devenu de plus en plus autonome et je pense qu'elle sera capable de fonctionner en continu sans aide extérieure. C'est bel et bien l'aboutissement du travail de l'association refusant un humanitaire néo-colonial et paternaliste, SAID France va devenir un simple soutien à SAID Inde si tout va bien, l'intérêt des volontaires internationaux sera donc plus limité, après tout n'est ce pas l'idéal que de voir les Indiens se prendre en charge eux-mêmes.

    Par ailleurs, Kailash a fait les courses pour le stand de SAID en France et il m’a donné un gros sac rempli de produits indiens que j’ai ramené avec moi.

     

     

     

    Les relations de Kailash avec "Kalakar trust" et  les gens du quartier :

    En apparence, les relations avec KT sont bonnes. En tant qu'ancien membre, Kailash connaît tout le monde. La plupart des amis de Kailash travaillent à KT comme Vicky ou Rajesh (qui dansent tous les deux super biens) et travaillent aussi avec nous. Nous sommes allés plusieurs fois à KT soit pour voir les cours de danses de Vicky mais aussi pour rencontrer des touristes de passage dont un Français puis un Italien travaillant dans l'humanitaire, j'ai leurs coordonnées. Mais à chaque fois que Kailash voulait leur présenter la HOP, les gens de KT leur disaient gentiment qu'ils n'avaient pas le temps d'y aller alors qu'ils faisaient faire le tour du bidonville. Il est inévitable que KT ne voit pas d'un bon œil notre association et Kailash me disait de ne pas dire que je travaillais pour SAID. Mais à part en se fondant dans KT je ne vois pas comment la HOP pourrait travailler avec eux. Indéniablement, le désir de Kailash d'avoir son "affaire" a lui et dont il serait le chef joue énormément mais ce qu'il m'a raconté sur la façon dont les Sharma gère KT rend son choix tout à fait justifié.

    Il n'y a pas à dire, Kailash est très populaire dans le quartier, le fait qu'il vive en France renforce encore son aura. Dans la rue, les gens vont vers lui pour le saluer et ils attirent autour de lui un grand nombre de jeunes artistes. C'est très positif pour la suite.

     

     

     

    Impression générale :

    Avant toute chose, je tiens à tiens dire que j'ai été extrêmement heureux en Inde. Les gens ont été d'une incroyable gentillesse avec moi, le fait que je parle hindi, que je connaisse bien la culture indienne surtout à travers les films, que je sois végétarien, que je ne boive pas, que je ne fume pas et que je dise pas de grossièretés a sans doute joué en ma faveur. Je regrette de ne pas avoir pu rester plus longtemps mais comme Kailash ne rentrait que le 14 août et que je voulais être rentré pour septembre, je n'ai pu rester que deux semaines. Ce n'est pas très grave car il s'agit d'une première fois. En tout cas, ce séjour m'a permis de voir le travail de l'association sur le terrain. Cela me permettra à l'avenir de pouvoir parler de notre travail voire de l'Inde en général avec une meilleure légitimité. Voire les conditions de vie de certaines personnes m'a impressionné mais voir à quel point notre travail pouvait contribuer à les aider m'a fait chaud au cœur et a renforcé mon engagement. Cela ne fait qu'un un an que je travaille pour SAID mais après ce voyage j'ai plus que jamais envie de continuer mon travail pour l'année qui vient et avec encore plus de conviction et d'envie. Vous pouvez donc compter sur moi pour l'année 2009-2010 et même si j'ai un concours à passer et que je vais tout faire pour l'avoir, je serai encore plus disponible pour servir l'association en France.

    Je ne sais pas si je pourrai revenir en Inde dans les prochaines années pour une mission. Ma priorité dans l'immédiat c'est mon CAPES. Avant de penser à une éventuelle mission, je dois d'abord penser à ma carrière et une fois que je serai bien installé en tant que prof et que j'aurai des disponibilités je songerai à une mission. De toute façon, le fait que je vive à Paris me permet d'être entièrement disponible pour les activités de SAID en France et là vous pouvez compter sur moi.