• Etude de faisabilité de la MDM


    Mikaël POZZONI

    Aout 2007

    Rapport de mission

     Téléchargez ici le planning des volontaires de cette mission

    Etude de faisabilité :

    Mise en place d’un atelier de création de marionnettes et de cours d’initiation pour les jeunes de la communauté

     

     

    Méthodologie

    Cette mission s’est déroulée du 3 au 25 août 2007 dans le bidonville de Kathputli colony à Delhi après plusieurs actions déjà réalisées et de multiples contacts établis au sein du bidonville. Il s’agit d’une étude de faisabilité visant à évaluer la possibilité et la pertinence de mettre en place un projet d’atelier de création de marionnettes et de cours d’initiation aux formes d’art pour les plus jeunes. Il était aussi question de rencontrer d’autres chefs de communauté afin de faire un état des lieux des besoins dans différents bidonvilles de Delhi. En parallèle et en collaboration avec l’ONG Deepalaya, il s’agissait de coordonner le projet de « marionnettes et prévention » qui consistait à amener les élèves de l’école du bidonville d’Okhla (gérée par Deepalaya) à monter un spectacle de marionnettes de prévention santé.

    Dans notre démarche participative, nous ne cherchons pas à délivrer des solutions toutes prêtes pour cette population mais à les impliquer dans notre réflexion et notre action. Ce sera le fil rouge de notre mission.

    Afin d’aider à la prise de distance et au recul permettant de créer l’espace nécessaire à la réflexion, cette mission a été mise en place afin de recueillir tous les éléments pour nous permettre d’élaborer un projet  correspondant aux besoins réels de la population.

     

    A.                  Composition de l’équipe

    Pour cette première mission, une équipe pluridisciplinaire a été constituée. Une assistante sociale (Elodie Huet), une éducatrice spécialisée (Naima) et une étudiante en médecine (Hélène Van Elsande) formaient l’équipe du projet « marionnettes et prévention. Un étudiant en Master 2 (Mikaël Pozzoni) « Gestion de l’humanitaire » était chargé de coordonner le projet cité ci-dessus et de réaliser l’étude de faisabilité concernant l’atelier. L’équipe était accompagnée de deux jeunes issus du bidonville (Kailash et Hamid) qui sont  respectivement un magicien et un marionnettiste qui nous ont aidé dans toutes nos démarches.

     

    B.                   Itinéraire de la mission et personnes rencontrées

    L’étude de faisabilité s’est déroulé à l’intérieur du bidonville de Kathputli. J’ai rencontré une quinzaine d’artistes marionnettistes reconnus comme étant des membres de la communauté incontournables ayant une certaine autorité à l’intérieur du bidonville et ayant gagné une reconnaissance de leurs pairs de par leurs performances d’artistes autant au niveau local qu’international. En parallèle, j’ai rencontré le Pradhan de la communauté des Kalenders, communauté limitrophe à celle de Kathpulti ainsi que Nishamundin, lui-même membre de cette communauté et magicien reconnu de ses pairs ayant une expérience importante au sein d’ONG. J’ai aussi rencontré un des chefs de communauté du bidonville de Lajpat Nagar. Enfin, la suite du projet m’a amené à rencontrer l’attachée culturelle de l’ambassade de France à Delhi.

     

    C.                  Technique d’enquête et restitution

    Sur l’ensemble du bidonville, j’ai effectué des observations en direct en visitant le bidonville. A chaque visite, je cherchais à discuter avec le panel de personnes que je connaissais au préalable. J’étais toujours accompagné de Kailash qui était mon traducteur pendant les entretiens. Sa présence était indispensable car la plupart des interrogés ne parlent pas anglais. Les entrevus prenaient la forme d’entretien semi-structuré avec un questionnaire fil rouge, qui laissait la place à l’expression hors de l’enquête pure. Les entretiens étaient individuels mais dans plusieurs cas la personne interrogée était accompagnée de sa famille avec qui elle discutait tout en répondant aux questions. Il était intéressant de remarquer que plus la personne interrogée était vieille, plus sa famille avait tendance à me laisser lui parler seul à seul. Tel un entretien très formel, la venue d’un occidental impliquait que le chef de famille lui consacre du temps. Cela m’apparaissait comme une forme de respect. La hiérarchie des aînés est très importante au sein de cette population. Quand la personne la plus ancienne parle, la seconde écoute de loin et la troisième va s’occuper du thé et ce n’est pas forcément la femme. La hiérarchie de l’age s’impose.

    J’ai collecté une quinzaine de questionnaire qui fait état de la situation personnelle et familiale de la personne l’interrogé, des informations concernant l’activité de marionnettistes et enfin des impressions et sentiments sur la pertinence d’un atelier communautaire au sein de cette communauté.

     

     

    I.          Calendrier des activités

                (voir en annexe)

    II.        Contexte général

     

    II. a.  Etat des lieux du bidonville de Kathputli

    Le bidonville de Kathputli se compose d’un millier de foyers où cohabitent, dans chacun, au minimum cinq personnes et il n’est pas rare de voir des foyers de 10 personnes. Les habitations sont extrêmement rudimentaires et très souvent pas finies, fragiles et/ou endommagées. Les conditions d’insalubrité sont frappantes ; les habitants n’ont pas l’électricité en continu et n’ont accès qu’à une eau moyennement potable. Le service de ramassage des ordures a une faible fréquence et les déchets s’accumulent au sein de la communauté.

    La population du bidonville est très jeune et les personnes au-dessous de 25 ans sont majoritaires.

     

    II. b. Contexte socio-économique ou la voie des traditions

    Les principaux revenus des habitants du bidonville de Kathputli proviennent de leur art, principalement la marionnette. Les artistes vivent des spectacles de marionnettes et de la création d’objets fait main. 

    Ils sont artistes de génération en génération et détiennent leurs savoirs de leurs pères. Suite à notre étude de faisabilité, on s’aperçoit que chaque artiste met un point d’honneur à transmettre leur savoir à leurs fils car c’est une tradition et une connaissance dont ils sont fiers et cela doit rester dans la famille. La réponse la plus commune à la question « pensez-vous que vos enfants vont continuer votre art ? » était : « oui, je me dois de transmettre à mes enfants ce que mon père m’a appris car c’est un héritage familial qu’il faut perpétuer et c’est une fierté de voir que ses enfants sont impliqués dans ce savoir-faire qui reste dans la famille de génération en génération. C’est très important de garder cette tradition dans la famille par rapport aux ancêtres ». 

     Les jeunes de Kathputli, ou la majorité des habitants de cette zone, sont donc destinés à devenir des artistes marionnettistes pour la plupart d’entre eux. En effet, ce n’est pas dans les mentalités de prévoir d’envoyer son enfant à l’école et encore moins à l’université. 

     

     

    III.     Identification des besoins et propositions de solutions

     

    A.                  Les besoins établis

    En dépit d’une grande volonté de perpétuer leur art dans la tradition rajasthanaise, aucun des artistes n’est entouré de bonnes conditions pour vivre de leur art. Aucune de ses familles ne disposent d’ espace approprié pour la construction de marionnettes. Ils sont donc contraints de créer leurs marionnettes (leurs outils de travail) à l’intérieur de leur habitat avec des moyens rudimentaires dans des conditions de fabrication sommaires.

    En interrogeant les habitants de Kathputli, on comprend que ceux-ci ont du mal à vivre de leur art ne trouvant que très rarement des représentations à effectuer proche de leur lieu de vie. La plupart d’entre eux survivent grâce à la vente d’objets fait main et sont sujets à des périodes creuses où il est rare d’avoir des rentrées d’argent. « Nous vendons correctement de septembre à janvier, le reste du temps il est très difficile de survivre ».[1]

    En ayant peu de moyens, il est difficile pour les habitants de perpétuer leur art dans la tradition rajasthanaise. Ils ont une tendance à produire leur art sans pouvoir y mettre les moyens et le temps nécessaires afin d’effectuer un spectacle de qualité suivant la tradition rajasthanaise. Quand bien même ceux-ci sont à mêmes de trouver des représentations à effectuer, car les opportunités sont exceptionnelles pour ces artistes. Vivant dans le bidonville, il leur est difficile d’être en relation avec d’éventuels partenaires culturels potentiels, d’avoir un réseau proche où ils pourraient s’intégrer pour trouver des représentations à effectuer, ou ils n’en ont pas la connaissance.

    De plus, le bidonville demeure un lieu où le gouvernement indien ne s’implique pas, aucune aide ne leur est accordé que ce soit en terme de soutien afin de trouver des spectacles, ou en terme financier par le biais de projet de développement. « Le gouvernement se fiche bien de nous, il ne nous apporte aucun soutien, c’est très rare qu’il fasse appel à nous pour des spectacles ».[2]

     

     

    B.                  La réponse élaborée conjointement avec la population

               Naissance du concept de l’atelier communautaire

    La communauté de du bidonville de Kathputli fonctionne comme une petite ville avec moins de services publics en place mais chacun mènent sa petite vie. Il n’y a pas vraiment d’actions communes mises en place et la pénibilité des taches et de la survie exprimée plus haut développe une tendance à l’individualisme. D’après les habitants du bidonville, il y a beaucoup de jalousie au sein du bidonville, des rivalités entre des familles qui cohabitent ensemble et qui partagent le même travail. Cela est le lien qui les relie et il existe un respect perceptible entre ces artistes. Ils ont tous plus ou moins travailler un jour ensemble et sont enclin à le refaire dans le cadre de cet atelier. Lorsque l’on interroge les artistes sur l’importance de travailler en collaboration avec les membres de la communauté, ceux-ci répondent positivement en évoquant des raisons de motivation et solidarité. On s’aperçoit que malgré des jalousies au sein de la communauté, chaque artiste serait prêt à travailler en collaboration avec d’autres. De plus, ils sont tous d’accord pour s’impliquer dans les cours donnés aux enfants.

     

               Concrétisation et justification du projet

    En somme, cette population ne reçoit que peu de soutien des institutions et ils très difficile pour eux de vivre de leur art. Par voie de conséquence, leurs traditions artistiques se perdent petit à petit et aucune perspective de développement n’est mise en face de ses populations.

    A partir de ce constat et après mure réflexion avec la population locale, l’idée d’un espace communautaire que les artistes utiliseraient afin de perpétuer leur art et le transmettre à leurs enfants s’est imposée. Cet atelier de création permettra à chacun de disposer du matériel nécessaire à la création de marionnettes et satisfera un des vœux les plus chers des artistes aînés qui est de transmettre leurs savoirs à leurs enfants à travers des cours d’initiation. Par ailleurs, l’association S.A.I.D se chargera de mettre en relation ces artistes avec des réseaux adéquats afin que ceux-ci puissent se produire et vivre de leur art.

     

    IV.      Budget

    IV.a.   Le budget de mise en place de l’atelier

                       

    IV.b.   Le budget de mission

     

    Budget de mission Delhi Coûts Unitaires Nb Unités Unité Total 
    DEPENSES        
    1. Ressources humaines        
    1.1 Salaire de Kailash  94,5 1 salaire 94,5
    1.2 Salire de hamid 56,5 1 salaire 56,5
    1.3 Hébergement 55 1 mois 55
    1.4 Prêt à sonu 36,5 1 prêt 36,5
    Sous total ressources humaines       242,5
    2. Transports        
    2.1 Transports locaux (métro rickshaw) 17,5 1 forfait 17,5
    Sous total transports       17,5
    3. Logistique        
    3.1 Consommables - achat de matériel (tampons…) 58,5 1 forfait 58,5
    3.2 Envoi de marchandises 197,5 1 forfait 197,5
    3.3 Matériel de packing 13 1 forfait 13
    3.4 Communication et consommables 35,5 1 forfait 35,5
    Sous total logistique       304,5
    Total frais de mission Delhi       565
    Budget de mission Okhla         
    1. Ressources humaines        
    1.1 Paiement show 38 1 jour 38
    1.2 Aide de Kailash un après midi (au lieu de lili bhat) 5,5 1 nuit 5,5
    Sous total ressources humaines       43,5
    2. Transports        
    2.1 Rickshaw et cammionette  79,5 1 trajet 79,5
    Sous total transports       79,5
    3. Logistique        
    3.1 Consommables - fournitures de bureau 78 1 forfait 78
             
    Sous total logistique       78
    Total frais de mission Okla       201
    Sous total budget       766
    TOTAL BUDGET PREVISIONNEL       766
                   
    V.         Autres réalisations sur le terrain

     

    A.                   Rapport sur le slum de Lajpat Nagar

    Le slum de Lajpat Nagar est moins grand que celui de Kathputli et se compose d’une centaine de familles. Les revenus des habitants sont basés sur le commerce d’objets faits mains, majoritairement des éléphants faits de paille et recouverts de tissu. On trouve aussi quelques vendeurs de médicaments.

    Ne disposant d’aucune structure éducative au sein du bidonville, nombreux sont les enfants dépourvus d’éducation car rares sont ceux qui font le déplacement vers l’école la plus proche (qui reste éloigné).

    Les conditions d’insalubrité sont frappantes : les habitations sont rudimentaires et les habitants n’ont pas l’électricité en continu.

    Les conditions d’hygiène essentielles manquent au sein du bidonville pourvu d’une cinquantaine de latrines dégradées et hors fonction forçant les habitants à effectuer leurs besoins aux abords du slum.

     Les habitants du slum doivent aussi faire face à des problèmes d’eau ne disposant pas de grands réservoirs leur permettant d’approvisionner tout le monde. De plus, l’eau utilisée n’est pas de bonne qualité car filtrée très sommairement.

     

               Besoins exprimés par le chef de communauté

    Remarque générale : Aucune ONG n’aide ce bidonville, ils sont livrés à eux-mêmes et sont très demandeurs de notre présence.

    En terme d’éducation : La demande se centre sur des cours d’anglais autant pour les enfants que les adultes. Pour cela, le chef de communauté a un espace à nous vendre où nous pourrions construire une salle de classe.

    En terme de santé et d’hygiène : Les logements ne possédant pas de toilettes, il serait souhaitable de rénover les latrines existantes ou de mettre en place un nouveau système de toilettes afin d’améliorer l’environnement de vie des habitants du slum.

    Par ailleurs, il serait souhaitable de mettre en place un système d’approvisionnement en eau plus performant pour avoir de l’eau suffisante en quantité et en continu.

     

     

    B.                  Rapport de l’entretien avec Nishamundin (magicien reconnu de ses pairs de la communauté des Kalenders

    Cet homme a réellement une réflexion sur les problématiques de développement au sein du bidonville, sur les dynamiques que les ONG mettent en place (mauvaises a ses yeux), sur les mécanismes sur lesquels il faut insister et sur les actions à mettre en place.

     

     

               Constat

    Les ONG mettent en place un système d’éducation peu viable qui se restreint à la mise en place d’action d’éducation sans trop de réflexion sur la profondeur de l’enseignement, sur l’essence du public auquel on s’adresse.

    De la découle, une éducation basique qui ne donne pas un réel futur aux étudiants. On n’en voit quasiment jamais atteindre l’université.

    De plus il y a trop d’individualisme entre ONG. Aucune ne cherche à collaborer pour améliorer tout ça ( il y a un travail à faire pour trouver des partenaires intelligents).

    Il y a 2 types de communauté: « les riches artistes de Kathputli et les pauvres kalenders dont une avec des capacités spécifiques en tant qu’artistes  et une autre avec une majorité de travailleurs manuels. »

    Ainsi, suivant la population ciblée, la satisfaction des besoins passera par différentes actions.

     

               Interprétation

    Une étude doit entre menée sur les besoins réels de la population, sur l’éducation, sur l’empowerment des jeunes.

    Selon lui, il faut grader les besoins et les personnes dans le besoin pour s’y attaquer étape par étape.

    Les ONG qui soutiennent les artistes se contentent de trouver des spectacles a l’ étranger et les laissent par la suite. L’aide est éphémère, ne s’attaque pas aux racines du problème et n’apprend pas aux jeunes commet vivre de leur art.

    La culture des jeunes artistes est formatée par les ONG, les savoirs transmis ne sont pas les bons.

    Tout doit se faire en gardant une attitude, un respect des traditions. En gardant leur identité, les jeunes conservent leur art a l’état pur: C’est le préalable pour pouvoir vivre de leur art.

     

    Nishamundin a travaillé dans les ONG, il en est un peu écœuré mais il a envie de s’investir. Son avis n’est pas négligeable. Il est d’accord pour bosser avec nous et il faudra qu’il s’entoure de ‘people with reason’.

     

    VI.      Les difficultés rencontrées lors de la mission ou le rapport à l’altérité

     

    A.                   Le langage

     

    En travaillant dans des zones défavorisées comme les bidonvilles de Delhi, il est courant de s’adresser à des personnes qui ne parlent que peu ou pas d’anglais. La compréhension entre les deux parties en présence (intervenant et population locale) est primordiale pour la réussite du projet. En effet, de la compréhension exacte des besoins de la population locale dépend la mise en œuvre de projet correctement adapté et accueilli favorablement. Ainsi, il est  courant d’être constamment accompagné d’un traducteur qui va assurer la bonne communication entre l’intervenant et la population locale.

     

    B.                  Le contact avec la population locale : la question du protocole

     

    D’une culture propre découle toute une série de comportement, de codes et de coutumes qui se manifeste en premier lieu sous la forme du protocole : une manière de se comporter lorsque l’on rencontre pour la première fois ou pas quelqu’un avec une culture et une manière de procéder différente.

    En Inde, cela se manifeste à chaque visite par le rituel du thé. Lorsque l’on se rend chez quelqu’un, cette personne va nous offrir le thé et il est conseillé de ne pas le refuser car cela fait parti des traditions. L’invité est considéré comme un dieu et c’est un devoir pour l’ôte que de bien le recevoir notamment en servant du thé. En acceptant, on conforte notre ôte dans sa position et il est plus à l’aise quand il s’agit de discuter sérieusement travail.

    Au niveau de l’action sur le terrain, cela peut se ressentir parfois comme une perte de temps car généralement nous n’abordons pas de questions sérieuses tant que le thé n ‘a pas été bu. Il arrive parfois aussi que ce soit le sixième thé de la journée que l’on vous propose et que vous n’avez plus envie de boire. Cependant, c’est un passage obligatoire si vous voulez que votre interlocuteur ne se sente pas gêné. D’autant plus que c’est souvent la seule chose que votre ôte peut vous offrir.

     

    C.                  Le mode d’organisation : la gestion du temps

     

     

    Un projet de solidarité se structure autour d’une somme d’action à réaliser où la réalisation de la suivante dépend de l’achèvement de la précédente. Par conséquent, un planning est fait en amont afin de mettre en place les projets dans le temps imparti. Hors, les différentes conceptions du temps posent un problème sur le terrain. En occident, nous avons une conception du temps où chacun respecte les horaires et les rendez-vous. En Inde, comme dans plusieurs autres pays du sud, les conceptions du temps et du respect des horaires sont complètement différentes. Il n’est pas rare de donner rendez-vous à quelqu’un et que la personne soit en retard ou qu’elle ne vienne pas du tout au rendez-vous. Cependant, cela ne doit pas être considéré comme un manque de professionnalisme ou une marque d’irrespect, mais comme une autre approche du temps. L’erreur serait de s’énerver contre la personne en retard, une réaction normale en occident. Il faut cependant prévoir et considérer comme normaux ces retards qui pourraient nuire à l’organisation de projet si ils ne sont pas intégrés à l’avance.

     

     

    VII.   Les membres de l’équipe de la mission : rôles et appréciations

     

    A.                   L’équipe d’expatriés

               Elodie Huet

    Elodie était la coordinatrice du projet marionnettes et prévention qui s’est déroulé dans le bidonville d’Okhla. Elle était en charge de la mise en œuvre du spectacle de marionnettes abordant différents thèmes de santé dans une perspective préventive. Sous sa responsabilité était placée Hélène et Naima.

    Elodie me faisait tous les soirs un rapport de la journée en abordant les difficultés rencontrées, les réussites de la journée ainsi que les questionnements de chacun.

    Elle était une bonne rapporteuse et je disposais avec elle de d’un espace de réflexion et de discussion étendue. Son approche auprès des enfants était autant souple qu’efficace en alliant fermeté et bonne humeur.

     

               Naima

    Elle participait à la mise en œuvre du spectacle. Elle faisait preuve d’une poigne de fer auprès des enfants et elle savait se faire écouter. Dotée d’un certain humour et d’un tempérament joyeux, elle apportait de la gaieté dans le groupe. Naima et Elodie mettaient en œuvre une complicité certaine qui leur donnait de l’aisance quant à leurs rapports avec les enfants. Ce duo marchait très bien.

     

               Hélène

    Hélène était aussi liée à la création du spectacle avec les enfants ainsi qu’à la création d’un jeu de loi abordant la santé. Hélène n’avait pas la même aisance qu’Elodie et Naima avec les enfants. Elle se reposait beaucoup sur les deux autres filles et n’arrivait pas facilement à faire face à ce nouvel environnement. A mon avis son adaptation ne s’est pas faite naturellement.

     

    B.                  Commentaires sur la mission « Marionnettes et prévention »

    Au vu du rendu sous la forme du spectacle et du maintien de l’équipe tout au long du projet, la mission s’est bien déroulée. Les rapports entretenus entre les membres de l’équipe et les enfants de l’école allaient dans le bon sens et leur collaboration a été fructueuse malgré la barrière de la langue. Les membres de l’équipe locale traduisaient seulement les consignes si besoin était mais l’équipe d’expatriés n’avait aucun problème pour se faire respecter. A l’école, les enfants semblent avoir un rapport à l’autorité différent de ce qui est dans nos écoles occidentales. Ils sont plus attentifs ou facilement « recadrables ». Dans l’ensemble, ils ont répondu très positivement à la création de ce spectacle. De plus, il faut souligner leur ingéniosité quant à la création des dialogues du spectacle relatifs à la santé. Cela met aussi en lumière le fait que ceux-ci aient certaines notions des problèmes liés la santé.

     

    C.                  L’équipe locale

               Kailash Bhat

    Kailash m’accompagnait dans toutes mes démarches et il était avant tout mon traducteur lors des entretiens avec les artistes de la communauté. Il était très performant dans ce rôle car j’avais l’impression de vraiment recueillir le sens réel des réponses de ces artistes. J’ai seulement regretté que Kailash prennent la liberté de partir durant la durée de l’entretien lorsque je m’adressais à un artiste qui parlait anglais. Cela ne me paraissait pas professionnel car notre équipe se désolidarisait  aux yeux des personnes interrogées.

    Dans l’ensemble, notre travail en équipe a été fructueux. Kailash prenaient des initiatives en accomplissant correctement les taches que je lui confiais. Il lui arrivait d’être en retard mais nous attribuerons cela à la différente conception du temps qui existe en Inde.

    Concernant le projet « Marionnettes et prévention », il est, selon les filles en charge de ce projet, un bon artiste mais il veut souvent faire les choses à sa manière. Il faut être souvent « derrière lui » si l’on veut que les choses soient faites à notre manière.

    En somme, Kailash répond très bien au travail mais il est nécessaire d’imposer sa vision et d’être ferme avec lui.

     

               Hamid

    Hamid m’accompagnait aussi dans toutes mes démarches et il était mon traducteur lors des entretiens avec le Pradhan de la communauté Kalenders et le vieux couple pour lequel S.A.I.D a pris en charge la construction d’un logement auparavant. 

    Dans l’ensemble, notre collaboration a été efficace. Hamid accomplissait correctement les taches que je lui confiais et il me rencontrait presque tous les soirs, réunions durant lesquelles Hamid faisait preuve de professionnalisme pour me rapporter ses activités. Seulement, une ou deux fois, les choses n’ont pas été faites à temps donnant lieu à une réprimande de ma part.

    Dans l’ensemble, Hamid s’engage bien dans ses différentes missions mais il a besoin de cadres bien définis et d’autorité à son égard.

     

               Remarques sur les rapports entre Kailash et Hamid

    Ces deux personnes ne s’entendent pas très bien et il existe une rivalité entre eux. De par son comportement, on s’aperçoit que Kailash le considère comme inférieur. Kailash a besoin d’être le « premier » et ne supportera pas que Hamid soit traité avec autant d’égard que lui.

    Au niveau professionnel, ces tensions se font sentir et nuisent parfois à la bonne humeur du groupe et par voie de conséquence à l’efficacité du travail de groupe.

    Il est préférable que Hamid et Kailash ne travaillent pas plus qu’ils ne le doivent ensemble. Lorsque des tensions apparaissent entre les deux, il est obligatoire de s’interposer pour faire redescendre très vite les humeurs ardentes car elles s’entrechoquent très vite.

     



    [1] Interview de Bhagwandass Bhatt (cf liste des artistes interviewés)

    [2] Interview de babu lal Bhatt